Article pour le journal Recto-Verseau, juin 2021
par Joëlle Stoudmann
La créativité… ce grand feu d’artifice de l’Être auquel la Vie nous invite à prendre part.
En tant qu’êtres vivants, je crois que nous sommes l’œuvre d’un Créateur… et que nos créations, riches en inspiration, en liberté et en puissance, le sont aussi.
Que l’homme a été mis sur terre pour jouir, pour créer une vie riche, abondante, foisonnante en beauté… Que la terre à laquelle l’homme est destiné, au fil de ses incarnations, de ses devenirs, se nomme « paradis ». Pourtant les épreuves que nous rencontrons sur notre chemin nous en voilent bien souvent la beauté.
C’est en laissant agir notre Créateur, en retrouvant la dimension du cœur, que l’accès à ce « paradis » se rouvre à nous dans le don et l’humilité – dans l’amour.
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C’est ainsi que je l’ai vécu et que je le vis :
Ancrée dans la foi d’une vie, d’un monde, épanouis, d’amour et de beauté, je réalise combien cela commence par la réalisation de ma propre essence de lumière, amour, abondance et joie…
Je m’en approche à chaque fois que je dépose des pièces de l’« arsenal » que j’ai pu constituer pour avancer sur mon chemin de vie et d’âme, au travers de mes expériences, pour découvrir des aspects de moi toujours plus libres, authentiques, réalisés et pleins, aimants et vertueux.
Les larmes provenant de l’accueil de mes douleurs passées viennent nourrir, fois après fois, mon jardin de grâce, dans lequel je vois fleurir des espèces nouvelles, parfois même rares.
Je m’émerveille souvent à les contempler et sais qu’elles ne sont pas miennes, elles sont l’œuvre d’un Créateur bien plus grand, auprès duquel je souhaite confier, au fil du devenir, toutes les « mauvaises herbes » – mon arsenal du passé.
Parfois je me surprends même à déconstruire, dans mes choix de vie, des murs montés pour me protéger, si bien ficelés, que je n’aurais pas pu imaginer derrière eux tant de beauté.
Plutôt que de fermer la porte aux autres, de hargne, de désespoir, de rage, et finalement de tristesse, j’ai décidé de pardonner et de suivre mon cœur vers ce qui est léger, fluide, agréable pour moi et qui me met en joie… car c’est dans cette joie que je trouve un sens profond.
C’est également dans cette joie que je vois se profiler ce jardin d’Eden.
A travers mes peintures et créations, au fil des âges.
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Dans ce qui suit, je souhaite me relier à l’enfant intérieur en vous, en vous partageant la façon à laquelle la créativité vit à ce jour en moi, à travers mon art de vivre en présence.
Je souhaite également partager avec vous mon vécu personnel qui peut vous offrir de voir comment j’ai pu m’ouvrir à une créativité encore plus grande, riche et libre, en choisissant fois après fois de laisser derrière moi mon arsenal, tout en tenant la main du Créateur. Je crois que nous avons en effet tous accès à une créativité illimitée lorsque nous ouvrons notre cœur.
Toute petite, j’avais adoré créer. C’était tout mon univers, c’était toute ma vie. Je dessinais, peignais, chantais, faisais des colliers, des bracelets, inventais des histoires, des chansons…
J’aimais profondément exprimer tout ce que j’appréciais en créant, et cela pouvait me prendre des après-midis pleines. J’en faisais mon terrain de jeu, d’imagination, moi qui portais en mon cœur un foisonnement de joie, de curiosité, de l’envie de connaître, d’aimer et de vivre.
Et pourtant, au fil du temps, la petite fille que j’étais devint grande et eu moins de temps, moins le loisir de créer ; j’assumai la charge de devenir ce que je pensais être « responsable », de faire des études. Je connus mes premières amours, mes premières grandes déceptions et surtout l’abominable séparation de mes parents. La créativité ne devint plus qu’un « cadre » où je pouvais exprimer la douleur que je vivais, faute de savoir comment l’exprimer autrement.
On peut dire que mon cœur pleurait des gouttes de couleur, des mots dont toutes les lettres étaient liées, même les points. Et qui, petit à petit, devenaient de plus en plus saccadées, jusqu’à n’être plus que de minuscules pattes de mouches, qui se promenaient de page en page sur mes carnets.
Au fil du temps, devenue adulte et ayant terminé mes études, je m’étais renfermée. Je ne savais plus ce qu’était la créativité, et, en même temps, j’avais perdu mes rêves. J’étais devenue étrangère à moi-même et à ce que je connaissais de moi, c’était la grande solitude qui m’habitait, qui peuplait mes journées. Un homme qui vivait à moitié avec moi sans partager ma vie ; une famille, des amis distants…
Ayant suffisamment tourné en rond pour n’y plus tenir, la jeune femme que j’étais réalisa à quel point il était douloureux de demeurer dans le désamour, et comprit à quel point la vie était une chance, une réelle opportunité.
C’est ainsi que je décidai de m’aimer. Je décidai d’aimer la vie, car j’étais (et suis) sur terre pour vivre. Je décidai d’aller jusqu’au bout de mes rêves car j’avais la foi en ce que c’était possible. Je décidai de me réaliser. Et c’est précisément à ce moment-là que mon goût pour la créativité artistique me revint.
C’est ainsi que commença un long et riche parcours de voyages intérieurs.
Au fur et à mesure que j’entrais en conscience, fois après fois, au sein de mon cœur, pour libérer les mémoires du passé et retrouver l’unité dans la grâce du pardon, je repris mes pinceaux en main et recommençai à peindre mes rêves, à danser, à jouer avec la Vie, m’étant (à nouveau) rendu compte de l’immensité de cette force… car je connaissais bien tout cela de quelque part.
Parfois, peignant une rose, une composition florale, je ne pouvais la compléter QUE lorsque la partie de moi-même, la part de honte, tristesse, solitude, maladresse avait été accueillie et transmutée en amour. Alors la rose se parait de toute sa divine féminité – en ce que j’avais pour cela renoué avec ma mère -, alors l’inflorescence d’hortensias se complétait de toutes ses fleurs jumelles – en ce que j’avais pour cela renoué avec l’altérité féminine.
Je me rendais compte à quel point ces créations ETAIENT MOI : elles étaient à l’image du foisonnement, des transformations qui prenaient place en mon jardin intérieur.
Ainsi, j’étais la rose que je voyais se déployer sous mon pinceau… l’eau fraîche qui désaltère, la terre qui nourrit, les fruits ronds qui se balancent sur les arbres…
Petit à petit, au fil du temps, mon jardin intérieur changeait, grandissait, devenait plus lumineux – à l’image des créations que je réalisais. Je faisais descendre de nouvelles couleurs dans mes peintures, à travers les espaces d’amour, de liberté, de renouveau, façonnés par le pardon, inspirant les personnes autour de moi, leur montrant un jour empreint d’amour, de profondeur.
Pour que cela se produise, je taillais toutes les branches mortes de mon jardin, qui retournaient au compost : les liens qui n’avaient plus lieu d’être, les fausses identités et illusions…
Sur un autre plan, je me séparais des postes de travail, des relations qui n’étaient plus à mon image… J’en fis, fois après fois, le deuil, pour retourner à l’amour… et l’amour me le rendit :
De l’amour retrouvé en mon cœur vit le jour une nouvelle relation d’amour, vit le jour un enfant de lumière qui vint habiter à nos côtés, colorier nos vies, vit le jour un nouvel élan, pour servir plus grand, faire jaillir la divine Créativité.
Avec l’art, je souhaitais permettre à des personnes de renouer avec la Création: pour retrouver l’unité en leur for intérieur, pour déployer leur puissance créatrice, pour incarner leur présence essentielle, une raison d’être sur terre.
Ce cadeau que plus jeune, j’avais perdu dans ma vie, puis retrouvé, c’est l’amour – c’est la Créativité. Petit à petit, la jeune femme que j’étais s’était mise en chemin pour réactiver sa lumière intérieure. Pour faire de sa vie un paradis sur terre, dont les autres pourraient aussi jouir.
Pour tendre ses bras vers le ciel en un grand mouvement silencieux et immobile : merci de faire battre mon cœur, de faire voler les oiseaux, de colorier les fleurs, tout simplement, naturellement.
Merci de me permettre de connaître un monde meilleur lorsque j’ouvre mon cœur ; merci pour tous les possibles, pour ces créations à travers lesquelles tu nous façonnes à ton image.
Gratitude.
Joëlle Stoudmann
Artiste de la Présence
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